Projet`: Titre indéterminé

Chapitre premier



L’interminable étendu d’eau coulait harmonieusement sous les légères bourrasque de vent. La lune, cachée derrière des nuages bas, venait miroiter ses traits lumineux sur la mer et formait un amalgame de majestueuses couleurs. Celles-ci venaient s’épouser à la noirceur de la nuit, se traçant un chemin à travers l’obscurité, d’où la faune environnante venait profiter allégrement. Cette faune comprenait d’innombrables bancs de poissons, plus grands et plus féroces les uns que les autres. Certains étaient véloces et colorés, sautillant innocemment au dessus de l’eau. D’autres étaient gigantesques, pourvus de longues rangés de dents aiguisées et armés de nageoires tranchantes comme des rasoirs. L’horizon était quant à lui trancher par l’obscurité du large et les reflets bleutés du ciel, annonçant l’aube. Une aube sanglante.

Trois monticules de métal voguaient sur l’eau, soutenus par des grésillement de moteurs. Ils étaient presque aussi haut que long, comparables à de simples boîtes. À l’arrière était fixé de lourdes hélices, tournoyant afin de procurer une vitesse considérable, et en façade, un bec métallique coupait la traversé des bateaux. Celle-ci laissait passer deux traînées blanches sur les flancs des embarcations, ainsi qu’une dernière à l’arrière, produite par les pales du moteur. Les côtés latéraux étaient ornés de deux obliques écarlate, la première plus élancée que la seconde. Dans un coin, une matricule était inscrite en blanc sur chacune d’elle. La première embarcation, couverte de trous de balles et d’alvéoles d’artillerie mineure, portait le nom de Scilly qui, conformément aux habitudes, avait été inauguré par le nom du premier dirigeant l’ayant commandé. La voisine était quant à elle, luisante de beauté. Le métal de Vanzimer était argenté, et les traits blancs reflétés par la lune lui donnait fière allure. Reganz, la dernière, semblait être dans le même état que Scilly, mais les dommages étaient moins alarmant, à peine si l’on pouvait distinguer une rafale de mitrailleuse.

Dans un ronronnement de moteur, Scilly prit légèrement de la vitesse, dépassant de quelques mètres l’avancé des deux autres. D’un point de vue aérien, on pouvait nettement distinguer dans le compartiment les silhouettes d’une trentaine d’hommes, chacun adossé contre les murs du navire. Ils portaient tous un treillis cendré, supporté par un duo d’épaulettes noires comme le charbon. À leur centre, un cercle blanc y était peinturé sous quatre deltas noires, formant l’allure d’un soleil. L’insigne du régiment. Le reste de l’équipement était caractérisé par un lourd plastron et des plaques de métal situées sur les cuisses et les avant-bras. Une ceinture d’objets divers parcourait la taille, principalement composée de musettes, de fourreaux à couteau et d’une rangée de grenades. Le plus apparent était néanmoins le grand sac qu’il trimbalait derrière leur dos, contenant entre autre outils, draps, treillis de rechange, nourritures, paquets de munition et autres matériels militaires. Le tout se terminait par un casque dissimulant toute partie charnelle du crâne. Tous les soldats semblaient en posséder un type différent, diversifiés par des styles personnels. Certains avaient fixés des lunettes de visé infra-rouge, d’autres soudés des objets décoratifs. Cependant, ils s’accordaient tous sur les mêmes détails : entièrement sombre et martelé de deux ronds vitrés, d’où l’on ne pouvait pas distinguer les prunelles agitées des guerriers blindés. Les hommes du Scilly étaient traversés d’une crainte cachée, malgré les paisibles clapotis des vagues sur les murets de la barque.

Ces valeureux militaires n’étaient que des pions sur l’échiquier du très ancien ordre qu’ils avaient appris à vénérer et à défendre.